Les fantômes de l’Orient-Express

Le retour des trains croisières européens

Certains fantômes ont la peau dure. C’est le cas de celui de l’Orient-Express, ce train mythique qui reliait Paris à Istanbul en passant par de nombreuses villes européennes dont Venise, Vienne, Belgrade et Budapest. Boiseries aux murs, tissus à motifs, canapés chesterfield et couples endimanchés déambulant dans des wagon-restaurants décorés avec soin, son imagerie raffinée et luxueuse a été gravée dans nos esprits par de nombreux artistes, écrivains et cinéastes. Encore récemment, le réalisateur Kenneth Branagh nous a servi une énième adaptation — pas tellement réussie — du Crime éponyme écrit par la légendaire Agatha Christie.

L’Orient-Express n’a pourtant pas été pensé comme un train de croisière où le voyage se suffirait à lui-même. C’est même tout le contraire. Quand la Compagnie internationale des wagons-lits le lance en 1883, il n’a qu’un seul véritable objectif : permettre aux plus riches de se déplacer facilement et confortablement entre les plus grandes villes de l’époque, à la manière d’un vol en business class. La lowcostisation et la détérioration progressive des transports à grande distance, notamment ferroviaires, ont fait le reste en transformant un train utilitaire en un fantasme d’élégante lenteur. Après tout, que reste-t-il aujourd’hui du mythique train bleu et de ses équivalents, si ce n’est de vieilles photos parcheminées et des souvenirs appartenant aux générations précédentes ?

Cet imaginaire que nous aimons tous a d’ailleurs été perpétué à travers différentes déclinaisons de la marque Orient-Express. Ces produits de luxe prennent aujourd’hui la forme de ce qu’on appelle des trains de croisière. Le plus célèbre d’entre eux, opéré par l’entreprise britannique Belmond, a pris le doux nom de Venice Simplon Orient-Express et compte dix-huit voitures où le temps s'arrête. Récemment, la société s’est même offert les services du très populaire Jean Imbert. Aussi célèbre pour son passage dans l’émission Top Chef que ses amitiés people et son arrivée aux commandes du Plaza Athénée, le chef devra toutefois composer avec deux cuisines de 13 mètres carrés chacune, bien loin de ce dont il a l’habitude dans les palaces parisiens. L’expérience a donc de quoi séduire les amoureux d’un temps révolu qu’un billet de train qui commence à 2000 livres sterling n’effraie pas.

Autre héritier direct : l’Orient-Express La Dolce Vita. Comme son nom l’indique, ce partenariat entre la SNCF et Accor proposera des trains où il fait bon se la couler douce, à mi-chemin entre le voyage et l’hôtellerie de luxe à partir de 2023. Là encore, il s’agit bien plus de croisières sur rail que d’un véritable moyen de transport. L’expérience ne s’arrêtera d’ailleurs pas aux 16.000 kilomètres de voies ferrées empruntées puisque plusieurs hôtels signés du nom du plus célèbre train ouvriront dans plusieurs villes d’Europe. Le premier devrait voir le jour à Rome, puis vraisemblablement à Istanbul.

En France, c’est le parc d'attractions médiévales du Puy du Fou qui est à la manœuvre pour relancer les trains de croisière. Et sans surprise, Nicolas De Villiers, fils de Philippe et président du groupe, a décidé de s’appuyer sur le patrimoine français pour séduire ses futurs clients. Pour un billet qui s'élève tout de même à 4 900 euros par personne, ils passeront six jours et cinq nuits dans un train ambiance Belle Epoque pour un circuit de 4 000 kilomètres à travers tout le pays. Au programme, onze étapes dont Epernay, Reims, Beaune, Annecy, Avignon, Aix-en-Provence, Arcachon, Pauillac, Chenonceau, le Puy du Fou et Paris. Avec des activités culturelles du type visite de cave, croisière et ateliers floraux dans chacune de ces villes. Tout un standing et tout un esprit donc !

Si elle est extrêmement séduisante, cette façon de croiser dans de luxueux wagons d’antan ne peut s’inscrire que dans une logique de divertissement destinée aux plus aisés, contrairement à celle que nous proposons avec les hôtels sur rail de Midnight Trains. Car s’ils partagent avec ces trains le fait d’offrir des chambres individuelles, une literie de qualité et une cuisine fine, les nôtres vous emmèneront d’une ville à une autre en une seule nuit. Soit le meilleur moyen de rallier deux capitales européennes sans perdre de temps et en vous réveillant en pleine forme pour attaquer votre journée romaine, parisienne ou madrilène.

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