Plongée dans le monde des jeux vidéo ferroviaires

Aux commandes d’un train numérique

Que celles et ceux qui n’ont jamais rêvé de conduire un train lèvent la main ? Oui, c’est bien ce à quoi on s'attendait : aucune main en l’air. Rassurez-vous, cela n’a rien d’un songe inavouable puisque les jouets représentant des trains sont presque aussi vieux que les trains eux-mêmes. Depuis novembre 2011, c’est d’ailleurs une petite réplique en bois de la locomotive du Stockton and Darlington Railway d’Edward Pease qui est considérée comme le jouet ferroviaire le plus vieux au monde, puisqu’elle aurait été sculptée à la fin des années 1820 ou au début des années 1830. 

Depuis cette époque, le fameux petit train a bien changé. Purement mécanique, à vapeur, électrique puis électronique, il n’a cessé d’évoluer et de se raffiner pour séduire les petits comme les grands. Vous ne l’ignorez pas, certains passionnés vont même beaucoup plus loin en créant de gigantesques dioramas ferroviaires où des trains miniatures circulent, se croisent et s’arrêtent selon la bonne volonté de leurs créateurs. Pour ceux qui n’en ont jamais vus, il s’agit de véritables œuvres d’art et de splendides prouesses techniques. En témoignent les images hallucinantes de celui qui, exposé à Hambourg, en Allemagne, est considéré comme le plus grand du monde. Petit spoiler, il inclut pas mal d’autres moyens de transport que le train. 

Ce que l’on sait moins, c’est que le train a aussi envahi le monde du jeu vidéo très tôt dans l’histoire de celui-ci. Dès les années 1980, des opus comme ceux de la série japonaise A-Train ou Southern Belle font leur apparition sur des ordinateurs moins puissants que votre grille-pain connecté. Durant les deux décennies suivantes, le rythme s'accélère avec, notamment, Densha de Go! (1996), Microsoft Train Simulator (2001), Trainz (2001), Trainz Railroad Simulator (2004), Trainz Drive (2006), World of Subways 1 - The Path (2008) et, bien entendu, la saga des Train Simulator. Comme leurs noms l’indiquent, tous ces jeux proposent globalement la même chose : une simulation de conduite de train dont les graphismes, le réalisme et la technicité ont augmenté en même temps que la puissance des consoles et des ordinateurs. Mais ce qui est certain c’est que, génération vidéoludique après génération vidéoludique, les jeux vidéo de train n’ont jamais disparu du paysage. Car bien qu’ils soient évidemment destinés à une clientèle de niche, celle-ci est suffisamment large pour que des studios développent amoureusement de nouveaux moyens de conduire des trains ou des métros numériques.

Ce n’est d’ailleurs plus le seul concept que l’on puisse retrouver dans les jeux vidéo dit ferroviaires. Certains proposent plutôt de créer une sorte d’empire du rail, à la manière de Cornélius Vanderbilt, des frères Pereire ou de la famille Rothschild. C’est le cas de Railroad Corporation, sorti en 2019 sur la plateforme Steam, qui vous fait commencer comme employé d’une compagnie américaine du XIXe siècle et vous permet de devenir l’un des maîtres du rail d’outre-Atlantique. En bons amoureux des transports en commun, vous trouvez peut-être ça trop solitaire. C’est donc vers Unrailed! qu’il faut vous tourner puisqu’il propose de manière très amusante de collaborer avec d’autres joueurs pour construire votre propre chemin de fer pendant que votre locomotive avance dessus.

D’autres jeux encore se servent plutôt du train en tant que décor, comme l’ont fait tant d’écrivains dans leurs livres. C’est le cas de The Last Express où le joueur doit enquêter sur la mort de l’un de ses amis alors qu’il vient d’embarquer à bord de l’Orient-Express. Un véritable roman d’Agatha Christie dont vous êtes le héros. Dans un tout autre registre, Metro Exodus reprend l’univers post-apocalyptique des célèbres Metro 2033, Metro 2034 et Metro 2035 de Dmitri Gloukhovski, considéré comme un “agent de l’étranger” pour avoir critiqué les forces armées russes après l’invasion de l’Ukraine. Dans le jeu qui a été adapté de ses œuvres, le joueur est plongé dans un univers où la survie et la violence se mêlent avec l’industrie du rail. Enfin, et c’est peut-être le plus étonnant d’entre tous, il y a Choo-Choo Charles. Pourquoi étonnant ? Parce qu’il consiste à échapper à une locomotive-démon-araignée en conduisant soi-même un train. Aussi décalé que cela puisse paraître, c’est incroyablement jouissif. 

Vous l’aurez compris, les jeux vidéo inspirés de l’univers ferroviaire sont si nombreux et si variés qu’il y en a forcément un pour le, la ou les passionnés de votre famille auxquels vous avez prévu de faire des cadeaux de Noël. Mais surtout, ils témoignent du fait que l’arrivée du numérique dans nos vies n’a pas altéré l’intérêt que suscitent nos bons vieux tortillards. Bien au contraire puisqu’ils sont tout simplement la dernière évolution en date du petit train de bois qui fascinait nos aïeuls. Car ce dernier n’a jamais disparu, il a juste évolué avec son temps comme le font ses homologues à taille humaine. Et ça, quand on croit à un monde plus écologique et plus durable grâce à l’industrie du rail, c’est une très bonne nouvelle.

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