Hyperloop, le projet fou d’Elon Musk

Entre Concorde et canon à propulsion magnétique

 

Lance-flammes, tunnels à voiture, voyages sur Mars ou encore confiseries innovantes : quand il s’agit d’imaginer des business saugrenus, Elon Musk n’est jamais à court d’idées. Mais au lieu de se contenter de les garder pour lui ou de les partager avec ses équipes, le PDG de Tesla prend généralement quelques minutes de son emploi du temps de ministre pour en faire profiter le monde entier via Twitter, dont il tente d’ailleurs actuellement de racheter la majorité des parts. Mais tandis que la mise en place de certains de ces projets semble encore lointaine, d’autres deviennent réalité bien plus vite que prévu. Et ce malgré le scepticisme et les moqueries qu’ils peuvent susciter. C’est le cas de l’Hyperloop.  

Comme souvent avec Elon Musk, tout commence avec une annonce. En 2012, il raconte ainsi à un journal californien qu’il compte lancer un moyen de transport permettant de se déplacer à plus de 1000 kilomètres/heure grâce à des capsules propulsées dans un tunnel vidé de son air afin de réduire les frottements au maximum. Jamais avare d’une punchline, le milliardaire précise même qu’il s’agira du cinquième grand type de transport en commun après la voiture, le bateau, l’avion et le train. Rien que ça.

L’ambition d’Elon Musk pour l’Hyperloop est très claire. Il souhaite globalement qu’il soit possible de voyager entre n'importe quelles villes des Etats-Unis en moins d’une heure.Celles du reste du monde en un peu plus de temps. Un défi de taille donc que l’Hyperloop est censé relever de manière beaucoup moins dangereuse et beaucoup moins polluante que la voiture et l’avion. Plus étonnant encore, le patron de Tesla a expliqué qu’il pourrait même être autosuffisant grâce à l’installation de panneaux solaires.

En 2013, un peu moins d’un an après les premières annonces, le projet prend une nouvelle ampleur lorsqu’Elon Musk publie un livre blanc. En accès libre, celui-ci contient des schémas, des vues et de nombreux détails techniques permettant aux entreprises motivées de développer des projets d’Hyperloop. Et pour cause, le patron deTesla ne souhaite pas s’en occuper lui-même, préférant faire appel à des start-ups, dont certaines ont été créées pour l’occasion, pour donner corps à ce qu’il considère comme se situant entre le Concorde et un canon à propulsion magnétique. A noter toutefois qu’il a précisé qu’il s’occuperait lui-même du projet si aucun entrepreneur ne s’investissait dans l’Hyperloop.

De nombreuses entreprises ont cependant répondu à l’appel et ont développé des projets allant du croquis jusqu’au prototype, abandonnant parfois leur belle ambition après quelques mois. Trois d’entre elles ont tenu le coup : Virgin Hyperloop, Hyperloop Transportation Technologies (HTT) et TransPod. Après des tests avec passagers très médiatisés et beaucoup de jolies promesses, la première d’entre elle a cependant annoncé en 2022 qu’elle renonçait au transport de personnes pour se concentrer sur un Hyperloop uniquement dédié au fret, licenciant 111 employés au passage.

Les deux autres semblent toujours décidées à transporter des êtres humains dans de petites capsules propulsées et développent des centres detest un peu partout dans différents pays, dont la France. C’est notamment le cas de l’entreprise canadienne TransPod qui a lancé le chantier d’un centre technique et une piste d’essai dédiés à son Hyperloop dans la petite commune de Droux, dans le département de la Haute-Vienne. Fin des travaux et inauguration prévues en septembre 2022.

Malgré ces avancées, la mise en service d’un Hyperloop transportant des passagers semble pourtant encore lointaine tant les détails techniques à régler restent nombreux. Pour fonctionner, l’alignement du tube dans lequel circulent les capsules doit être parfait, au millimètre près, ce qui n’a rien de simple. Par ailleurs, les effets conjugués de la chaleur et de la vitesse peuvent déformer les capsules, ce qui implique l’utilisation de matériaux spécialement conçus pour l’Hyperloop.

Le projet pourrait pourtant accélérer soudainement grâce au retour d’Elon Musk lui-même à bord de l’Hyperloop. Le 25 avril dernier, le milliardaire a annoncé que sa société essaierait de construire un “Hyperloop fonctionnel” qu’il considère comme le moyen le plus rapide de se déplacer d’un centre-ville à un autre. Sauf que le grand patron avait gardé une carte dans sa manche. Tandis que toutes les autres entreprises bossant sur le sujet prévoient d’installer leurs technologies en surface, lui entend bien le faire sous terre pour protéger son bébé des intempéries. Une idée qui, si elle peut faire sens, semble représenter des années de travaux et des milliers de kilomètres de tranchées à creuser à travers tous les Etats-Unis. Tant pis pour les panneaux solaires sur le toît.

 

Midnight Trains Logo