Saison 10 - La deuxième levée de fonds

Épisode 14 - Mai-Juin 2023 - Un nouveau fonds pour investir dans Midnight Trains ?

Adrien Aumont — Nous avons donc deux mois devant nous. C’est peu. Très peu même. Mais ça peut le faire. Avec de la détermination et un petit coup de chance à transformer en grande opportunité, nous pouvons sauver Midnight Trains de la fermeture. Surtout, nous pouvons lui donner une véritable chance d’exister dans le paysage ferroviaire. De faire rouler ses trains de nuit réinventés entre les grandes villes d’Europe pour remplacer les vols court-courriers et moyen-courriers.

La détermination, nous l’avons. Malgré les coups durs, nous n’avons rien perdu de notre optimisme. Quant au petit coup de chance à exploiter, nous en avons parlé la semaine dernière. C’est ma rencontre, un peu par hasard, avec la dirigeante d’un fonds d’investissement français très atypique. Il est construit autour d’une vision à très long terme, très éloignée de celle des fonds de capital-risque auxquels nous avons été confrontés par le passé. En fait, il investit dans des entreprises permettant d’atteindre les objectifs de décarbonation de la France à horizon 2050. Soit dans plus de vingt-cinq ans. Vous l’avez probablement compris en lisant Confidences, ce n’est pas commun.


Nicolas Bargelès — Comme avec les fonds d’investissement précédents, nous commençons donc par faire de la pédagogie. Pour expliquer les détails de notre projet, ses grandes lignes et ses subtilités. Nos interlocuteurs ne sont pas des experts du ferroviaire mais ils ont du répondant. Ils s’attachent les services d’un expert des infrastructures pour les assister dans leur démarche de compréhension. En deux ou trois rendez-vous, ils identifient efficacement les points de complexité auxquels nous faisons face et nous interrogent à ce sujet. Cependant, contrairement aux autres, ils nous font confiance. Ils comprennent que notre projet n’est pas superficiel, que nous avons planché sur toutes ces difficultés et que nous sommes en capacité de les solutionner. Cela met en place une ambiance de travail complètement différente, dans laquelle nous prenons du plaisir à évoluer et à avancer.

Les équipes de ce fonds nous challengent aussi sur d’autres sujets. Comme certains éléments de la RSE (la Responsabilité Sociétale des Entreprises) sur lesquels nous n’avions pas encore assez avancé. En plus de travailler à les convaincre d’investir, nous mûrissons donc également certains éléments du projet. Enfin, nous passons de longues heures à accorder nos violons en termes de valeurs. Ces gens n’investissent pas seulement pour obtenir un retour sur investissement. Ils veulent que les entreprises sur lesquelles ils misent portent le même regard qu’eux sur le futur et la façon dont il faut le construire.


Romain Payet — Enfin, il faut préciser une dernière chose. Les gens avec lesquels nous échangeons dans ce fonds connaissent notre situation. Ils savent que nous traversons une passe particulièrement difficile. Que c’est une question de vie ou de mort pour Midnight Trains. Et que, s’ils n’investissent pas maintenant, le projet a toutes les chances de disparaître. Qu’il sera peut-être trop tard pour l’intégrer à une logique de décarbonation globale dans quelques mois. C’est un paramètre qui n’est jamais pris en compte dans une levée de fonds classique où les décideurs ne font pas de sentiment. S’ils n’investissent pas sur cette boîte-là, ce sera une autre. Ou encore une autre. Peu importe. Puisqu’il s’agit de gagner de l’argent, n’importe quelle entreprise peut faire l’affaire tant qu’elle entre dans leur thèse d’investissement. Mais pas lorsqu’on investit pour créer un futur durable et respirable pour nos enfants.

Bref, après deux mois de travail, nous avons enfin une réponse. Sous la forme d’une lettre d’intérêt. Elle indique que le fonds prend la tête du financement de l’OpCo, la société opérationnelle de Midnight Trains. C’est-à-dire qu’il s’engage à investir un montant bien précis, qui se compte en millions d’euros, si le montant total est réuni avant une certaine échéance. Ce n’est donc pas de l’argent frais, c’est un engagement. Mais un engagement que nous attendons depuis longtemps. C’est lui qui doit nous servir à fédérer des fonds d’investissements suiveurs, des partenaires stratégiques, des business angels. Et, plus largement, tous les types d’entités pouvant envisager d’investir dans Midnight Trains. Enfin, cela veut dire que les équipes du fonds prennent aussi la main sur la production de documentation, la valorisation de la société et un certain nombre de sujets.

Adrien Aumont — Même si nous savons à ce stade que rien n’est encore gagné, cette lettre d’intérêt nous remet du baume au cœur. Elle nous soulage quelque peu. Midnight Trains n’est pas mort. Midnight Trains bouge encore. D’autant plus qu’un autre coup de chance va nous tomber dessus sans prévenir.

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