Saison 1 / La voiture volante

Episode 4 / La voiture volante est-elle incompatible avec notre époque ?

Cette fois-ci, nous y sommes. Cet épisode 4 marque la fin de notre première saison de Joli Futur consacrée à la voiture volante. Si vous avez lu les trois précédents, vous avez probablement compris que ce fantasme de liberté absolue datant du début du XXe siècle est encore loin d’envahir le ciel de nos villes ou de nos campagnes. Du moins pas sous la forme qu’imaginaient les écrivains et les réalisateurs de science-fiction.

Comme vous, nous avons en effet découvert en interrogeant des experts que, contrairement à la croyance populaire, ce n’est pas la technologie qui les empêche de se développer. Car même si nous sommes loin des Spinners de Blade Runner et des Landspeeders de Star Wars, de nombreux prototypes se sont avérés capables de voler et de rouler. Plutôt mal, certes, mais capables de le faire malgré tout. La réalité, c’est que les voitures volantes n’ont jamais trouvé de modèle économique viable. A cause de coûts de production extrêmement élevés mais surtout d’une demande inexistante ou presque. Pas besoin d’avoir reçu un prix Nobel d’économie pour comprendre cet échec qui dure depuis plus d’un siècle. Les constructeurs automobiles l’ont d’ailleurs bien compris puisque même eux ne croient plus à la voiture volante. Ils continuent toutefois à faire fuiter ou à communiquer sur des prototypes afin de se créer une image d’acteurs de l’innovation et du futur.


En fait, il n’existe qu’un seul scénario crédible à l’heure où sont écrites ces lignes : celui de drones géants faisant office de taxis et se déplaçant de plateforme de décollage en plateforme d’atterrissage comme des hélicoptères électriques. Sauf qu’au prix de l’immobilier des grandes villes mondiales toujours en manque de logement, on imagine difficilement que les autorités locales ou nationales rasent des immeubles ou des parcs pour installer de telles infrastructures. Et si elles le faisaient, pour qui le feraient-elles ? Pour des ultrariches utilisant l’espace aérien public pour jouir toujours un peu plus de leurs privilèges ? Là encore, l’époque ne semble pas très propice à ça. Pas besoin d’être sociologue ou politologue pour en avoir conscience.


Et puis, même si les lois les autorisaient à voler dans nos centre-villes, où ces véhicules voleraient-ils ? Au-dessus de nos rues déjà surchargées et bruyantes ? Sous nos fenêtres, au risque de violer nos intimités déjà tellement épiées par la captation permanente de nos données ? Quelques centimètres au-dessus du sol, reproduisant ainsi les problèmes inhérents aux voitures équipées de roues ? Rien de tout ça n’est bien séduisant. Pas besoin d’être… Bref, vous avez compris. Reste alors la possibilité de se servir de ces drones pour déplacer des marchandises, d’un centre de triage à un aéroport par exemple. C’est une option crédible mais elle ne relève plus de l’exploration des mobilités individuelles.

Enfin, il y a un point que nous n’avons pas abordé : celui de l’impact écologique des voitures volantes. Si celles-ci fonctionnent avec des moteurs thermiques, il n’y a aucun débat. Elles ne vaudront pas mieux que nos bonnes vieilles guimbardes terrestres. Si elles sont électriques, elles seront alors confrontées aux mêmes problématiques écologiques que les voitures exploitant cette technologie au sol. Pas de gaz d’échappement, certes, mais la nécessité de produire des batteries, avec tout ce que cela comporte comme problèmes. Pire encore, cela pourrait contribuer à créer une société encore plus problématique du point de vue écologique, comme le rappelle Bernard Jullien, maître de conférence en économie à l’Université de Bordeaux et spécialiste de l’automobile : “Certains courants écologistes se méfient de l’électrification du parc automobile car ils redoutent que cela envoie le mauvais signal. Ils craignent que le nombre de voitures augmente parce que les gens auront l’impression de se déplacer de manière écologique, que cela encourage l’étalement urbain.” Evidemment, loin de nous l’idée de dire qu’il faut privilégier les moteurs thermiques à leurs équivalents électriques. Simplement que l’arrivée de milliers de voitures volantes, même électriques, n’aurait probablement rien d’une avancée écologique.


A l’issue de cette longue réflexion, nous avons donc demandé aux experts à quel horizon ils pouvaient imaginer l’arrivée de la voiture volante comme une véritable solution de mobilité. Sans surprise, la plupart d’entre eux ont refusé de se prononcer sur le sujet, arguant que rien ne permet aujourd’hui de tabler sur une arrivée des voitures volantes à grande échelle, ni demain ni après-demain. En ce qui concerne les taxis volants — qui seront testés à l’occasion des Jeux Olympiques de Paris 2024 —, Philippe Boyadjis, président de la Fédération Professionnelle du Drone Civil, mise sur un déploiement de la technologie d’ici 5 ans puisque la technologie est d’ores et déjà prête. Reste à savoir, s’il est dans le vrai, si cette version aérienne de notre bon vieux tacot trouvera son public et le soutien des autorités.


Lorsque les taxis volants seront déployés :

  • Les Jeux Olympiques de Los Angeles 2028 (la ville où se passe le film Blade Runner) seront en train de se dérouler
  • Il ne restera qu’un an avant les Jeux Asiatiques d’hiver se déroulant en Arabie saoudite
  • Cinq nouvelles COP auront eu lieu. Nous en serons à la 33e, soit 12 de plus que celle ayant mené à la signature des accords de Paris, que seul un pays respecte : la Gambie
  • La population de l’Inde aura dépassé celle de la Chine
  • Le Roi Charles III aura 80 ans
  • Les véhicules électriques (terrestres) seront majoritaires : 85 % du marché européen, 62 % du marché nord-américain et 64 % du marché chinois
  • Les véhicules thermiques seront toujours autorisés au sein de l’Union européenne
  • L’astéroïde Apophis ne sera plus qu’à quelques mois de frôler la Terre

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