À bord du KTX, le TGV sud-coréen

Grande Vitesse au pays du Matin calme

Si les équipements ferroviaires de Corée du Nord sont connus pour leur vétusté, ceux qui se trouvent en dessous de la ligne de démarcation ont suivi une toute autre courbe d’évolution. Depuis 2004, la Corée du Sud a rejoint la liste des pays équipés d’au moins une ligne à Grande Vitesse. Nommée KTX, pour Korea Train Express, les trains qui roulent dessus sont à la fois un symbole du développement technologique du territoire contrôlé par Séoul et un moyen de transport très populaire au sein de la population locale. Allez, on vous embarque pour une petite balade à travers la campagne du pays du Matin calme.

La première chose à savoir avant de monter à bord d’un KTX, c’est qu’en le voyant arriver en gare, vous pourriez vous sentir brusquement transporté en France. Le train coréen est un dérivé du TGV “réseau” exploité sur la plupart des LGV de l’hexagone. A en croire le journal Les Echos, seuls des experts du domaine seraient capables de différencier les voitures françaises de celles qui ont été mises en circulation sur la première ligne à Grande Vitesse coréenne. Ouverte le 1er avril 2004 et exploitée par Korail, la compagnie nationale des chemins de fer, celle-ci relie d’abord Séoul à Daegu à une vitesse commerciale de 300 kilomètres par heure. Elle est ensuite dotée d’un tronçon supplémentaire allant de Daegu à Busan en 2010.

Les ressemblances entre le KTX et le TGV français s’arrêtent toutefois essentiellement à l’apparence extérieure des rames. A l’intérieur, le retour en Asie est total. Et pour cause, ce train est conçu pour un pays où les enjeux en matière de transports sont très différents, notamment sur la question des flux de passagers. Contrairement aux huit voitures de son aïeul, le KTX compte dix-huit voitures permettant d’accueillir 935 passagers, beaucoup plus que dans la version du TGV de l’époque.

Si ces rames ressemblent autant à celles du célébrissime train à Grande Vitesse français, c’est parce qu'elles ont été conçues par Alstom, qui s’est battu bec et ongles pour obtenir ce contrat à 1,8 milliards d’euros. Mais cela n’a pas été sans conséquence puisque, pour battre Siemens et Mitsubishi, la firme a dû consentir à un très important transfert de technologies. Ainsi, seules douze des voitures du premier KTX ont été construites en France, contre trente-six sur le territoire sud-coréen, par des industriels locaux et avec l’assistance d’ingénieurs d’Alstom.

Afin de ne rien perdre de cette acquisition de savoirs, Séoul l’accompagne à partir de 1996 d’un grand programme de développement visant à créer son propre train à Grande Vitesse. C’est ainsi que, 14 ans après, le KTX-II voit le jour avec un pourcentage de technologie coréenne estimé à 87%. Les Coréens en sont si fiers qu’ils envisagent très rapidement d’en exporter en se positionnant sur d’importants appels d’offres en dehors de la péninsule. Ils sont juste contraints pour cela de développer certaines technologies visant à remplacer celles qu’ils ne peuvent utiliser que sur leur territoire à cause des brevets. Une belle façon pour le ferroviaire coréen de prouver que, s'il sait faire appel au savoir-faire étranger quand il en a besoin, il sait aussi en tirer de réelles opportunités.

Pour ce qui est du kilométrage, le réseau à Grande Vitesse sud-coréen s’est agrandi avec trois autres tronçons. Le premier, ouvert en 2015, permet de rallier la ville de ​​Gwangju bien plus rapidement qu’avant. Les deux autres, datant de 2016, offrent la possibilité d’aller de Suseo à Pyeongtaek et de Séoul jusqu’à Gangneung. Enfin, la ligne à Grande Vitesse allant jusqu’à Gwangju doit être étendue jusqu’à Mokpo à horizon 2025.

Enfin, en ce qui concerne le confort, la plupart des KTX proposent deux classes et donc deux niveaux de confort. Dans l’un comme dans l’autre, les sièges sont réputés pour leur confort, la différence se situant essentiellement dans l’organisation de ceux-ci et donc dans l’espace disponible pour chaque passager. A l’image du reste du pays, les rames sont remarquablement propres, les grandes fenêtres panoramiques permettent de profiter des splendides paysages coréens et le réseau WIFI est le plus souvent d’une qualité qui ferait rougir les compagnies européennes. Là où le bât blesse, c’est au moment du repas. Comme l’assume très directement le site des trains KTX, il n’y a pas de restaurant à bord, seulement des distributeurs automatiques. Pourquoi ? Parce que les trains sont optimisés pour transporter un maximum de passagers. On est donc très loin des succulents plateaux repas du Shinkansen japonais.

Comme la plupart des trains à Grande Vitesse, les KTX sont donc à l’image du pays qu’ils sillonnent. Ils en portent à la fois les enjeux, l’histoire et les particularités culturelles. En ce qui concerne la Corée du Sud, il s’agit donc d’un train efficace, propre, dont les taux de retard sont très faibles et dont le principal objectif consiste à permettre à un maximum d’usagers de rallier facilement les plus grandes villes du territoire. Enfin, ses développements incarnent la façon dont le pays cherche depuis des décennies, avec succès, à figurer parmi les économies les plus techno-centrées du monde. Rien de plus logique donc.

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