Saison 8 - Le voiture électrique

Épisode 4 - Nos enfants se souviendront-ils des moteurs thermiques ?

Après trois épisodes à jouer avec cette dangereuse comparaison, nous arrivons à une conclusion claire : la voiture électrique est bien plus révolutionnaire que la doudounette sans manche. Oui, on sait, c’est un coup dur pour tous les aficionados de ce petit gilet matelassé à la remarquable discrétion. Mais les faits, les données et les paroles d’experts sont là. De même que la volonté politique. Sans cette volonté politique, il n’y aurait aucune révolution dans le monde des transports, ni celle-là ni une autre. C’est un secteur trop large, qui demande trop de soutien industriel, règlementaire et infrastructurel pour pouvoir évoluer sans la bonne volonté des élites politiques. Sans construction de pistes cyclables, pas d’adoption massive du vélo dans les centres urbains. Sans réseau ferroviaire bien entretenu et bien géré, pas de remplacement des avions moyen-courriers par des trains de nuit. Sans textes européens, pas de disparition des voitures thermiques au profit de leurs homologues électriques. Vous avez compris l’idée.

Nous l’avons vu dans les épisodes précédents, dans les pays du Nord global, cette révolution est déjà largement en marche. En France par exemple, comme nous l’expliquait déjà la semaine dernière Bernard Jullien, maître de conférences en économie à l’Université de Bordeaux et spécialiste de l’automobile, le rythme de renouvellement du parc automobile français devrait permettre d’atteindre la neutralité carbone d’ici 35 ans, soit plus ou moins en 2060. Peut-être en 2050 si les choses accélèrent grâce à une baisse des prix, une accélération de la prise de conscience ou des incitations étatiques plus efficaces. Mais en tout cas pas dans 15 ans comme les autorités européennes l’espèrent.

Du côté des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), les choses sont plus variées. A Pékin, les subventions à la construction de voitures électriques pleuvent. Au point que, lorsqu’une partie d’entre elles arrivent sur le marché du Vieux Continent, la Commission européenne voit rouge tant la concurrence semble déloyale. Difficile dans ces conditions d’estimer le passage complet à l’électrique mais la détermination et les moyens du gouvernement chinois pourraient lui permettre de faire la course avec les Etats-membres de l’UE. Quant au Brésil, Bernard Jullien estime qu’il ne tardera pas tellement non plus. “Le parc automobile brésilien est de constitution plus récente que le nôtre. Son renouvellement devrait donc prendre une vingtaine d’années de plus, mais ils y viendront”, développe le spécialiste. Bien évidemment, pour les pays les moins développés économiquement et les moins industrialisés, les choses seront encore différentes, probablement bien plus lentes. Sauf bien sûr si certains pays — ceux dont les constructeurs automobiles sont les plus puissants — parviennent à développer des produits adaptés à leurs besoins d’ici là. Faute de pouvoir lire l’avenir, nous partons donc sur une échéance à 2080.

En 2080, lorsque la voiture électrique aura été adoptée par le Nord et les BRICS :

  • Les températures auront tellement augmenté que le climat de Washington sera de type subtropical humide, soit l’équivalent de celui du Mississipi, 800 kilomètres plus au Sud.
  • A titre de comparaison, le climat de Paris sera celui de Marseille, celui de Marseille celui de Tunis (1 080 kilomètres) et ainsi de suite. Bref, la Dolce Vita pour tous. Mais version rôtissoire planétaire.
  • Des millions de réfugiés climatiques migreront à l’intérieur de leurs pays ou traverseront des frontières pour échapper à la chaleur. Mais peut-être qu’ils le feront en voitures électriques.
  • Point fort, il ne sera plus nécessaire de vider son shampoing pour passer une frontière. Il faudra seulement franchir des murs, des barbelés et des check-points.
  • Les “tempêtes extrêmes” prévues pour 2080 mais déjà présentes dans l’hémisphère sud seront devenues notre quotidien. D’ailleurs, les voitures électriques seront équipées de pneus à crampons pour ne pas s’envoler pendant les bourrasques.
  • La population mondiale commencera à décroître et nous aurons des surplus de voitures électriques. Nous en ferons des œuvres d’art, des stands de street-food et des logements pour réfugiés climatiques.

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